dimanche 12 août 2012

Initiation à la grammaire tem Chapitre 3 : Le nom Leçon 7 : Les propriétés du marqueur de pluriel

Les marqueurs de genre sont des unités discrètes. Ils permettent de distinguer des genres tout aussi discrets. Le marqueur de pluriel, quant à lui, est une unité discrète mais unique. Au moment de se substituer à un marqueur de genre, il prend un aspect particulier de façon à permettre de reconnaître le genre du substantif dont il chasse l’indicateur de genre. Soit x tout marqueur de genre et y le marqueur de pluriel. Les quatre marqueurs de genre du tem peuvent donc être représentés ainsi : ‹x1›, ‹x2›, ‹x3› et ‹x4›. Unique, le marqueur de pluriel n’offrent que des formes qui varient d’un genre à l’autre, soit [y de x1], [y de x2], [y de x3] et [y de x4]. Présenter les propriétés du marqueur de pluriel revient donc à présenter les propriétés des formes de ce marqueur.

Outre les quatre formes, substituts des quatre marqueurs de genre, il y une forme spécifique aux noms dépourvus de marqueur de genre et une autre, elle aussi spécifique, pour les noms désignant des êtres denses. Voici donc les six formes.

1. La forme [Hba], substitut de /ʋ/

La forme qui représente le marqueur de pluriel dans le genre humain est [Hba]. Substitut du marqueur /ʋ/, il est un suffixe. Son schème CV est doté d’un accent flottant invariable. Le schème du radical qui l’accueille peut être ouvert (à finale V) ou fermé (à finale C).

En présence d’un schème ouvert, la voyelle du radical affaiblit /b/ du suffixe en le transformant en [w]. C’est pourquoi /sɔ-Hba/ ‘chacals’, /ɖʋ-Hba/ ‘pythons’ et /yu-Hba/ ‘souris, pl.’ sont réalisés respectivement sôwa (ô pour ɔ accentué), ɖûwa (û pour ʋ accentué) et yúwa. Si la voyelle du radical est [ɩ] ou [i], la forme [w] de la consonne suffixale se transforme en [y]. C’est pourquoi /bi-Hba/ ‘enfants’ est réalisé bíya.

En présence d’un schème de radical fermé, le C fermant se fait audible, soit grâce à une voyelle de soutien, soit sans soutien.

S’il sollicite un soutien vocalique, celui-ci peut lui venir soit d’une copie de la voyelle de [Hba] soit d’une copie de la voyelle du radical. Si le soutien vient du marqueur, le schème /CVC-Hba/ devient /CVC-aHba/ soit /CVC-ába/. Pris en sandwich entre deux voyelles de même timbre, /b/ s’affaiblit et, pire, perd sa propriété d’obstacle, ce qui le fait disparaître : /CVC-ába/ est réalisé alors [CVC-áa]. Ainsi /a-l-Hba/ ‘femmes, femelles’, /ʋ-ɖ-Hba/ ‘personnes’, /wol-Hba/ ‘souris, pl.’, /nyaw-Hba/ ‘guibs harnachés’ et /ɖom-Hba/ ‘serpents’ se réalisent respectivement aláa, ɩráa, woláa, nyawáa et ɖomáa. Si, en revanche, le soutien vient du radical, on aura alors /CVC-Hba/ qui deviendra /CV1CV1-Hba/. Dans ce cas si V1 est un timbre différent de [a] de /Hba/, il se contentera d’affaiblir l’obstacle de /b/ ; aussi /CV1CV1-Hba/ se réalisera-t-il [CV1CV1-Hwa]. L’unique exemple attesté est celui de /ʋ-fel-Hba/ ‘sorciers’ réalisé ivéléwa.

Pour que la consonne fermante du radical se passe de soutien il faut qu’elle soit suffisamment sonante pour se constituer syllabe ; la consonne qui se prête à ce jeu est [m]. Il est en mesure d’accueillir l’accent flottant du suffixe. Le schème /CVm-Hba/ devient alors /CVḿba/. Par assimilation nasale, la séquence /mb/ devient /mm/. La gémination consonantique étant interdite, /mm/ se réduit à [m]. Le schème de mot /CVm-Hba/ se réalise [CVma] au plan segmental. Normalement, l’accent porté par [m] devrait se glisser sur [a] qui fait noyau syllabique de [m]. Or la règle veut que l’accent flottant de /Hba/ ne varie pas de position, ce qui signifie qu’il ne peut se poser sur ni sur la séquence -ba- ni sur la voyelle de cette séquence. Deux éventualités se présentent : l’une déporte l’accent sur la voyelle du radical, ainsi /CVm-Hba/ se réalise [CVHma]. C’est le cas de /ʋ-kpam-Hba/ ‘chasseurs’ réalisé ɩgbáma ; l’autre interdit à l’accent de se fixer. C’est le cas de /ʋ-kɔm-Hba/ ‘étrangers’ réalisé ʋgɔma.

On note qu’avec les noms de type relationnels (noms de parenté notamment), entre le schème de radical et le marqueur de pluriel s’intercale un dérivatif, /na/. Etant lui-même de schème ouvert, le dérivatif rend le schème du radical ouvert, qu’il ait été ouvert ou fermé au départ. Ainsi, /CV(C)-na-Hba/ se réalise [CV(C)-náa]. C’est sur ce modèle que sont construits les noms /caa-na-Hba/ ‘pères’, /kɔɔ-na-Hba/ ‘mères’ et /ɖɛɛl-na-Hba/ ‘épouses’ réalisés respectivement caanáa, kɔɔnáa et ɖɛɛlnáa.

2. La forme [aH], substitut de /ɖ/

La forme qui représente le marqueur de pluriel dans le genre dérivé est [aH]. Substitut du marqueur /ɖ/, il a pour schème phonématique V qui porte l’accent de suffixe. Le schème de radical qui l’accueil peut être ouvert ou fermé.

En présence d’un schème de radical ouvert, le V suffixal étant accentué, il se produit une coalescence entre les deux voyelles en contact : la voyelle résultante reçoit du [a] suffixal sa propriété majeure qui est +Ouv ; la voyelle du radical fournit, quant à elle, le reste des propriétés nécessaires à une voyelle tem, à savoir les propriétés Ro et ATR. C’est pourquoi les substantifs /wɩ-aH/ ‘jours’, /bʋ-aH/ ‘cailloux’, /tɩmɛ-aH/ ‘travaux’, /te-aH/ ‘phacochères’ et /yu-aH/ ‘cuisses’ se réalisent respectivement (ê pour ɛ accentué), , tɩmê, et yó.

Face à un schème de radical fermé, le V du suffixe sert de noyau syllabique à la consonne fermante du radical. Voilà pourquoi /ɩ-s-aH/ ‘yeux’, /fol-aH/ ‘nerfs’, /yɩr-aH/ ‘noms’ et /tɔn-aH/ ‘peaux’ sont réalisés respectivement ɩzá, folá, yɩrá et tɔná.

En principe, quand le marqueur de genre prend le radical en accolade, la forme du marqueur de pluriel qui lui correspond ne se substitue qu’à sa partie suffixée. Autrement dit, si le marqueur de genre embrassant est x3 par exemple, le substantif /x3’-Rad-x3/ devient au pluriel /x3’-Rad-y de x3/. Mais si le marqueur de genre embrassant es /ɖ/, le marqueur de pluriel qui lui correspond, /aH/, se substitue à la fois à la forme suffixée et à la forme préfixée. Autrement dit au pluriel, /ɖ-Rad-Hɖ/ɖH/ devient /a-Rad-aH/. C’est la raison des constructions /a-bar-aH/ ‘ruades’ et /a-ŋmal-aH/ ‘charbons’, pluriels de /ɖ-bar-ɖH/ et /ɖ-ŋmal-Hɖ/ respectivement, constructions réalisées respectivement abará et aŋmalá.

Qu’il s’agisse de la construction /x3’-Rad-x3/ ou de sa forme pluriel /x3’-Rad-y de x3/ seul le suffixe (x3 ou y de x3) est accompagné d’accent.

Mais il arrive qu’entre le suffixe et le préfixe l’accompagnement d’accent soit inversé. Toutefois, quand c’est le préfixe qui prend en charge l’accent, il ne peut être que flottant, quel que soit le positionnement choisi par la forme du marqueur au départ. Ainsi le positionnement « accent fixé par a » de [Ha] valable pour le suffixe ne l’est plus pour le préfixe. Ici, l’accent doit être flottant ; comme il doit flotter du côté du radical, le préfixe sera noté [aH], mais avec le sens que H doit se fixer sur le radical. Cette inversion des rôles n’est attestée qu’une fois dans nos données : /aH-fow-a/ ‘pigeons’ réalisé avówa.

Il arrive aussi qu’il y ait hésitation sur la partie du marqueur embrassant qui doit être dotée de l’accent (suffixe ? préfixe ?) ; dans ce cas aucune des parties ne bénéficie d’un accompagnement de l’accent. C’est le cas des substantifs /a-cim-a/ ‘fous’, /a-kʋm-a/ ‘massues’ réalisés respectivement ajima et agʋma.

3. La forme [Hs], substitut de /ka/

La forme qui représente le marqueur de pluriel dans le genre menu est [Hs]. Substitut du marqueur /ka/, il est un suffixe. Son schème C est accompagné d’un accent invariablement flottant à gauche. Sa consonne /s/ est soutenue, dans sa réalisation, par une voyelle épenthétique, [ɩ]. Lors de sa suffixation, il est mis en contact avec un radical à schème ouvert ou fermé.

Si un schème de radical ouvert a pu fonctionner en l’état avec /ka/ (cas de /bu/ de buwá ‘cours d’eau’), en présence de [Hs] il doit se transformer en CVC, avec [w] pour C fermant. Ainsi le schème CV transformé en CVw pour la circonstance gagne le statut d’un schème CVw primitif, donc avec un [w] audible. Pour rendre [w] audible il revient en principe au suffixe de fournir le soutien vocalique nécessaire. Mais la porosité de [w] permet à la voyelle du radical d’être plus prompte à pourvoir ce soutien. Au lieu de *CVwɩ, on a donc CV1wV1. Pris en sandwich par la même voyelle, [w] perd sa propriété d’obstacle et tombe et CV1wV1 devient CV1V1. La séquence -V1V1- se comporte comme une voyelle unique identifiée à la voyelle radicale au contact de laquelle la consonne suffixale s’affaiblit en [z] : /CV1V1-Hs/ se réalise [CV1V1Hzɩ]. C’est ainsi que /buw-Hs/ ‘cours d’eau, pl.’, /ɖaw-Hs/ ‘bâtons’, /faw-Hs/ ‘chiens’, /taw-Hs/ ‘cours de maison’ et /liw-Hs/ ‘francolins’ se réalisent búúzi, ɖáázɩ, fáázɩ, táázɩ et líízi, respectivement.

Une consonne nasale cohabite mieux avec une occlusive qu’avec une constrictive. Si la consonne fermante est une nasale coronale, donc [n], elle est remplacée par [w] pour ne pas avoir à cohabiter avec /s/ du suffixe. De CVn le schème de radical devient alors CVw pour accueillir [Hs]. Si /ban-Hs/ ‘cous’ se réalise báázɩ c’est parce qu’il après s’est préalablement transformé en /baw-Hs/. On a aussi /ka-tan-Hs/ ‘gifles’ qui se réalise kadáázɩ après sa transformation en /ka-taw-Hs/.

On sait que pour se rendre audible, la consonne fermante du schème de radical requiert une voyelle de soutien. Celle-ci lui vient de trois sources possibles : 1) elle peut être [a] occasionné par la suffixation de /ka/. En effet, un schème /CVC-ka/ devient /CV-Ca-ka/ après copie de [a] de /ka/ au profit de la consonne fermante. Le nouveau schème CVCa demeure au moment de suffixer [Hs], ce qui donne /CVCa-Hs/. 2) elle peut être une copie de la voyelle radicale ; dans ce cas, le schème radical passe de CVC à CV1CV1 et le schème de nom résultant est / CV1CV1-Hs/. 3) elle peut être une copie de la voyelle suffixale. Mais la forme [Hs] du marqueur de pluriel n’est pas prêteuse. Dans les deux cas attestés, la voyelle de soutien est incapable de voiser /s/ du suffixe. Exemples illustrant le premier cas : les radicaux /tɩn/ de /tɩn-kaH/ ‘bassin’, /fen/ de /fen-kaH/ ‘lune’, /bir/ de /bir-Hɩ/ ‘devenir noir’ et /wul/ de /wul-Hɩ/ ‘faire le you-you’ deviennent respectivement, /tɩna/, /fena/, /biri/ et /wulu/ avant d’entrer dans les constructions respectives suivantes : /tɩna-Hs/ ‘bassins’, /fena-Hs/ ‘lunes’, /ka-ɩ-biri-Hs/ ‘souris grises’ et /ka-wulu-Hs/ ‘you-yous’ réalisés respectivement tɩnásɩ, fenásɩ, kéébírísi et kowulúsi.

Il arrive au marqueur de genre /ka/ de ne pas tomber au moment de laisser la place à son substitut pluriel. Il subit alors la concaténation de celui-ci après avoir cessé d’indiquer le genre et s’être transformé en une sorte de segment fossile attaché au radical. Sa voyelle, bien qu’elle rend ouvert le schème du radical, est incapable de voiser la consonne suffixale : /ka-liC-kaH/ (keliká) ‘billon’ devient au pluriel /ka-liCka-Hs/ ‘billons’ réalisé kelikásɩ.

Identifiable ou non, si une consonne fermante qui choisit d’être muette sert de bouclier à /s/ contre l’influence de la voyelle radicale ; /s/ se réalise alors fort : /wɩl-Hs/ ‘soleil’, /yiC-Hs/ ‘calebasses’ et /ka-bir-Hs/ ‘singes à robe noire’ se réalisent respectivement wîsɩ (î pour ɩ accentué), yísi, et kebísi.

4. La forme [Ht], substitut de /k/

La forme qui représente le marqueur de pluriel dans le genre neutre est [Ht]. Substitut du marqueur /k/, il est un suffixe. Son schème C est accompagné d’un accent invariablement flottant à gauche. Sa consonne /t/ est soutenue, dans sa réalisation, par une voyelle épenthétique, [ɩ]. Il se suffixe à un schème de radical qui peut être ouvert ou fermé. Sous l’influence d’une voyelle /t/ se réalise [d] ou [n].

La forme [Ht] du pluriel ne tolère que le schème fermé pour le radical. Aussi, si un schème ouvert a pu fonctionner en l’état avec /k/ (cas de /lo/ de lowú ‘gorge’), avec [Ht] doit-il se transformer en CVC, avec [w] pour C fermant. Ainsi le schème CV devient ainsi CVw. La consonne [w] tenant à être audible, elle reçoit une copie de la voyelle radicale en soutien. CVw devient alors CV1wV1 qui devient à son tour CV1V1 selon un processus vu plus haut. Le contexte CV1V1 des radicaux anciennement CV oblige /t/ de [Ht] à se réaliser [n] : à partir des anciens radicaux /lo/ et /su/ devenus /low/ et /suw/ on a /low-Ht/ ‘gorges’ et /suw-Ht/ ‘pintades’ réalisés lóóni et súúni respectivement.

Si le schème de radical est, au départ fermé, et que la consonne fermante est [w], Comme ci-dessus, c’est la voyelle du radical qui fournit la copie pour soutenir l’audibilité de [w]. Selon un processus désormais connu, le schème du radical devient CV1V1, ce qui expose la consonne /t/ du suffixe à l’influence affaiblissante de la voyelle radicale. Aussi le schème /CVw-Ht/ se réalise-t-il [CV1V1nɩ] ou [CV1V1dɩ] sans prévisibilité. C’est ainsi que /baw-Ht/ ‘palmiers’ et /faw-Ht/ ‘feuilles’ se réalisent, respectivement, báánɩ et fáádɩ.

Si la consonne fermante audible n’est pas [w], c’est la voyelle suffixale qui fournit de quoi assurer l’audibilité de la fermante. Ainsi /CVC-Htɩ/ devient /CV-Cɩ-tɩ/, lequel se réalise [CVCɩnɩ]. Les noms sʋlînɩ ‘arbres de néré’, kelíni ‘ailes’ et bɔɔrînɩ ‘écorces’ ont pour structure de base /sʋl-Ht/, /kel-Ht/ et /bɔɔr-Ht/, respectivement.

Si la consonne fermante du schème CVC de radical reste muette, la consonne /t/ de /Ht/ trouve en elle un bouclier contre l’influence de la voyelle radicale et se réalise [t] : /bɔɖ-Ht/ ‘moustiques’ /sʋl-Ht/ ‘farine de néré’, /cɛw-Ht/ ‘déchets mâchés’ et /loC-Ht/ ‘dartres’ sont réalisés bôtɩ, sûtɩ, cêtɩ et lóti, respectivement.

5. La forme [waH]

Les formes [Hba], [aH], [Hs] et [Ht] du marqueur de pluriel sont comme des guides habillés chacun d’un uniforme propre à faire reconnaître les lieux respectifs qu’ils indiquent. Comparativement, la forme [wa], elle, est sans uniforme. Elle est faite pour s’associer à un radical quel que soit le genre auquel il appartient. A titre d’exemple, le nom lákʋtaɁ. Il désigne aussi bien l’agent de santé que le local où l’on prodigue les soins médicaux. Du point de vue des propriétés sémantiques il y a deux lákʋtaɁ, celui qui possède la propriété «humain» et celui qui en est dépourvu. Ce qui les range dans des genres différents, le genre humain pour l’un et le genre neutre pour l’autre. Malgré cela chacun reçoit au pluriel la forme [waH] : lákʋtawáɁ désigne, selon les contextes, les agents de santé ou les centres de santé.

Les noms affixés par [waH] au pluriel ont en commun d’être dépourvus de marqueurs de genre et de ne présenter que leur radical, lequel est reçu par un coup de glotte qui exprime une absence, celle d’un indicateur de genre. Lors de la suffixation de [waH] le coup de glotte se déplace vers la fin : lákʋtaɁ puis lákʋtawáɁ.

Pour être un nom dépourvu de marqueur de genre il faut être soit un emprunt non-intégré, soit un nom individuel pouvant être porté par plusieurs individus (ce qui exclut les toponymes et les ethnonymes), soit un titre social.

Au titre des emprunts il y a des noms de métiers tels que alikisánɁ ‘boucher’ qui devient au pluriel alikisánwáɁ, tîîlaɁ ‘tailleur’ qui a pour pluriel tîîlawáɁ ; il a aussi des noms d’objets tels que tókoɁ ‘chemise’ et cɛɛcêɁ ‘bicyclette’ dont les pluriels respectifs sont tókowáɁ et cɛɛcêwáɁ.

L’on peut illustrer les patronymes par ÁbuɖuɁ ‘nom masculin d’origine arabe’ et SamáɁ tous deux noms pour homme, pluralisés respectivement en ÁbuɖuwáɁ ‘les Aboudou’ et SamáwáɁ ‘les Sama’ ; MaaríiɁ ‘nom féminin chrétien’ a pour pluriel MaaríiwáɁ ‘les Marie’.

Quant aux titres sociaux on peut citer WúroɁ ‘roi’, AlaáziɁ ‘el hadj’, alfáaɁ ‘marabout’ qui ont pour pluriel WúrowáɁ, AlaáziwáɁ et alfáawáɁ.

6. La forme [Hb]

Le dense est un pluriel extrême. C’est pourquoi l’on se sert du marqueur de pluriel pour l’exprimer. Soit la construction /sʋl-Ht/ ; elle peut, grâce à [Ht], exprimer le pluriel ou le dense. Le procédé de différenciation entre le nom qui désigne l’objet discret au pluriel et l’objet dense ne dépend pas du marqueur ; il est effectué sur le schème de radical où l’on joue sur l’audibilité ou le mutisme de la consonne fermante. En version audibilité de [l] /sʋl/ on a le nom pluriel sʋlînɩ qui désigne les/des arbres ; en version mutisme de [l], on a le nom dense sûtɩ qui désigne la farine jaune et sucrée du néré. Même si le jeu sur la consonne fermante est impossible (cas de [w] qui est invariablement audible), on a deux homophones qui représentent l’un le discret au pluriel et l’autre le dense. C’est le cas de /tʋw-Ht/ qui se réalise tûûnɩ pour désigner aussi bien les/des abeilles que du miel.

Ce double rôle du substitut du marqueur de genre n’est possible que si l’objet dense est le sous-produit d’un objet discret. Or il existe des êtres dont la propriété dense n’apparaît pas comme acquise à partir du discret. Pour ces êtres il a été conçu une forme du marqueur de pluriel, en l’occurrence [Hb].

A la différence des formes de pluriel qui acceptent le schème de radical ouvert ou fermé, ou le schème fermé exclusivement, [Hb] exige le schème ouvert de manière exclusive. Cette exigence met /b/ de [Hb] en contact direct avec la voyelle radicale et l’expose ainsi à l’influence. Sous cette influence affaiblissante, /b/ a le choix entre la forme faible [w] et la forme faible [m]. C’est cette dernière qui est choisie. C’est pourquoi on a /ba-Hb/ ‘vin de palme’, /lɩ-Hb/ ‘eau’, /tɩ-Hb/ ‘poudre à canon’ réalisés, respectivement bám, lîm et tîm.

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